Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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lundi 12 décembre 2016

Premier contact

Depuis Incendies en  2010 je suis avec beaucoup d’intérêt la carrière de Denis Villeneuve. La SF était vraiment le dernier genre où je me serais attendu à le trouver, vous pouvez donc imaginer mon impatience à découvrir ce nouveau film.





Date de sortie : 7 décembre 2016
Titre original : Arrival
Durée : 1h 56min
Réalisation : Denis Villeneuve
Casting : Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker
Genre : Science fiction
Nationalité : Américain

Synopsis:
Linguiste réputée et peu conventionnelle, Louise Banks est contacté par le gouvernement pour aider l'armée à communiquer avec de mystérieuses structures venues de nulle part. Avec l'aide de son équipe, elle aura peu de temps pour réussir à comprendre ses interlocuteurs au travers de découvertes qui remettront toute sa vie en question.



Critique:
Si j'avais été légèrement déçu par Prisonners, probablement à cause d'une campagne de com' très agressive et des critiques exagérément bonnes, je fus au contraire très agréablement surpris par Sicario, beaucoup plus discret dans les médias.
Avec Premier contact, Denis Villeneuve nous revient avec un film de SF, un genre dans lequel je ne l'aurais pas imaginé mais que j'étais curieux de découvrir. Plus que de la SF, le réalisateur s'attaque à un thème bien précis, celui du premier contact (Rencontre du troisième type, Contact, Abyss, ET, etc) un genre largement traité, et très bien traité quand on regarde ceux qui s'y sont frotté (on pourra aussi penser à Kubrick dans 2001), dans lequel il n'est pas évident de se démarquer.
Le réalisateur y arrive cependant par une histoire habile tiré du livre Story of Your Life de Ted Chiang qu'on retrouve au scénario et qui s'intéresse plus à la communication et aux choix de vie que réellement aux Aliens. Ce n'est pas nouveau dans la Sf même si les créatures ont un rôle crucial dans l'histoire, elles ne servent en fait qu'a raconter l'histoire de l’héroïne. C'est ce qui rend le film très fort, il est éminemment humain et prend des tournures inattendues. On pourra presque trouver le film plus optimiste que ses précédentes œuvres, même si ça reste du Denis Villeneuve.
En terme de réalisation, c'est brillant, on pouvait déjà constater dans Sicario du talent de Villeneuve
pour donner vie à des organismes (police, armée) cela se confirme ici avec en plus la dimension fantastique. Les choix de design sont audacieux, simple et percutant. On retrouve dans ces choix toute l'oeuvre de Villeneuve, une volonté de ne pas être tape à l’œil et de toucher le public au cœur avec quelque chose d'efficace. Ainsi, les vaisseaux spatiaux, qui évoquent forcément le monolithe de 2001, sont de simples formes oblongues alliant délicatesse du design et force de leur couleur. Un noir profond comme un trou noir ouvrant vers d'autres monde.
En plus d'une réalisation efficace, Villeneuve c'est souvent un casting et une bonne direction d'acteur. Là encore, il ne fait pas mentir sa réputation, on retrouve Amy Adams (American Bluff, Big Eyes, etc), Jeremy Renner (Civil War, Avenger, etc) et Forest Whitaker (Zulu, le dernier roi d'écosse, etc). Soyons franc, si Renner et Whitaker sont très bien, c'est Amy Adams qui domine tout le film, c'est d'ailleurs l'histoire de son personnage qui nous est raconté. L'actrice est totalement crédible dans son rôle d'autant que celui-ci lui offre une large gamme d'émotion avec lesquels jouer et que la caméra de Villeneuve sait la mettre en valeur sans vulgarité.
Je n'ai pas grand chose à dire sur la musique, Jóhann Jóhannssonn habitué a travailler avec le réalisateur livre une belle composition, pourtant c'est surtout le morceau ouvrant et fermant le film qui marquera les esprits. Il s'agit de "On the Nature of Daylight" de Max Richter, un morceau poignant qu'on a déjà pu entendre dans d'autres films (shutter island par exemple). Si je ne peux nier la force du morceau, je m'interroge sur son choix car, aussi efficace soit-il, il est déjà associé à d'autres films et fait donc appel à nos souvenirs. Un choix tout a fait justifiable dans certains cas, justement pour utiliser ce que le morceau nous rappelle, mais que je trouve dangereux dans le cas présent les scènes étant plutôt intimiste et requérant probablement plus de subtilité. Mais je pinaille.
Pour conclure, je dirais que premier contact est une grande réussite. Pourtant, je ne vais pas vous survendre le film, car si j'ai compris quelque chose de l'oeuvre de Villeneuve c'est que ses films sont d'une grande modestie. Loin des effets tape à l’œil, des retournements de situations explosifs, le réalisateur préfère la profondeur et la simplicité des œuvres qui vous marquent en profondeur sans que vous vous en rendiez compte. Il tisse ainsi des histoires humaines, fortes qui vous prennent aux tripes sans vous éblouir. D'excellent films donc mais qui ne résisteraient pas aux attentes démesurés de notre société du spectacle. Je ne crierais donc pas au génie en vous exhortant à aller voir ce film, je me contenterais de vous conseiller d'y jeter un œil car vous pourriez être agréablement surpris.



Conclusion:
Encore un très beau film de la part de Denis Villeneuve, une oeuvre touchante et originale sur un sujet pourtant déjà traité de nombreuses fois. Si vous cherchez le nouveau Independance day, passez votre chemin.


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