Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
(retrouvez la sélection télé chaque midi sur la page facebook)

lundi 27 novembre 2017

Carbone

En ce moment, je m'écoute en boucle le dernier album d'Orelsan. Du coup, quand j'apprend que son acolyte Gringe joue dans un film d'Olivier Marshal, je me sens comme un devoir d'aller constater le résultat de mes yeux. Le rappeur qui voulait être acteur fait-il bien de changer de milieu ? Voyons cela.




Date de sortie 1 novembre 2017
Durée : 1h 44min
Réalisateur : Olivier Marchal
Casting : Benoît Magimel, Gringe, Idir Chender
Genre : Policier
Nationalité : Français

Synopsis :

Sur le point de perdre son entreprise de transport, un pdg se lance dans une arnaque financière pour redresse la barre. Forcé de faire appel à de vrais truands, cet homme ordinaire met le doigt dans un engrenage qui ne pourra qu'avoir des conséquences désastreuses pour lui et ses proches.

Critique :

Olivier Marshal est un réalisateur que j'aime beaucoup. Je garde un souvenir ému de ma découverte de 36 quai des orfèvres brillant polar sur la guerre des polices mais aussi de sa saison de Braquo ou de Section Zero. Il nous revient aujourd'hui avec un film assez classique qui recèle toutefois quelques surprises. Grand habitué des histoires policières du fait de son ancien métier, le réalisateur réussit cette fois à se renouveler en traitant un scénario auquel il n'a pas participé. Il est ici question d'intrigue financière basée sur une histoire vraie, une idée brillante traitée malheureusement de façon superficielle et rapidement l'aspect économique se révèle un macguffin justifiant  une énième histoire de gangster.
C'est dommage car le potentiel scénaristique était certain rappelant l'excellent ma petite entreprise et son patron acculè obligé d'enfreindre la loi pour résister à un système injuste. Au contraire, ici l'histoire suivra une trajectoire plus classique avec ses montages en musique pour nous montrer l'évolution de l'arnaque sans risquer d'être chiant, ses références à Scarface parce que c'est cool et ses règlements de compte en moto. Rien de rédhibitoire pour apprécier mais rien de très novateur non plus dans ce film qui donne l'impression d'avoir été vue mille fois. Les rares points apportant de l'originalité n'étant traités que superficiellement, l'impression se fait vite sentir que le scénariste a voulu trop en raconter et se perd un peu en ne racontant finalement pas grand chose. Le personnage de Laura Smet typiquement n'apporte rien au film et son traitement fini même par devenir ridicule et pesant.(il aurait probablement mieux valu donner plus d'importance à la femme du héros)
Au niveau du casting, on se retrouve avec quelque chose de très perturbant et dont je me remet encore difficilement. Dans le premier rôle, Benoît Magimel (Cloclo, Les petits mouchoirs, etc) fait du Benoît Magimel. J'avoue ne pas aimer cet acteur je suis donc bien en peine de le juger. Autant la première partie en mode patron d'entreprise fonctionne à peu près, autant je le trouve insupportable en rebelle mafieux. A ses côtés on retrouve Michaël Youn (Fatal, la beuze, etc) dans le rôle d'un comptable. Vous avez bien lut : Michaël Youn. Contre toute attente, ça passe mais ça n'en reste pas moins difficile à accepter. On notera encore Gérard Depardieu (Vidocq, le dernier métro, etc) dans un rôle plutôt efficace d'abominable capitaliste ou Laura Smet dans le pire rôle du film. Ce n'est pas de sa faute, l'actrice joue très bien, c'est juste que l'histoire du personnage est inepte et totalement superflu. Enfin, un petit mot sur Gringe dont le plus grand tort est de ne pas apparaître assez à l'écran. Le rappeur est très juste, tout en mesure. C'est le personnage le plus sympathique du film et très clairement il aurait mérité un rôle plus riche.
Niveau réalisation, Olivier Marchal sait y faire, c'est bien rodé, il n'y a pas grand chose à redire là-dessus je regretterais juste le manque d'intensité des dernières scènes entre Depardieu et Magimel, c'est tellement expédié qu'on a l'impression que la production n'avait plus de quoi payer les acteurs.
Je terminerai avec un petit mot sur la bande son, à mon grand plaisir elle contient un morceau d'Orelsan, l'excellent suicide social, qui impose très vite un cadre bien lourd au film tout en posant une ambiance assez différente de ce dont on à l'habitude pour ce genre de film. Quelques autres morceaux de rap viendront rythmer l'histoire, pas toujours aussi évident que celui-ci mais permettant une certaine homogénéité.
Vous l'aurez compris, Carbone possède de nombreuses qualités et aurait pu trôner dans les meilleurs films du réalisateur. Toutefois un certain classicisme finit par rendre l'ensemble très commun et sans grand intérêt. Pas un mauvais film donc mais rien d'extraordinaire non plus.



Conclusion :

Un pitch intéressant, une réalisation efficace mais un film trop confus pour emporter vraiment le spectateur.




vendredi 24 novembre 2017

Justice League

Bon, je suis en retard sur le Thor mais je ne pouvais pas rater le nouveau film DC. Ces films ont souvent reçu un accueil critique sanglant et souvent injustement lorsqu'on compare avec les films Marvel. Ce "Avenger DC" était attendu de pied ferme, d'autant que Joss "Avenger" Whedon a travaillé dessus, voyons ensemble comment l'avenir se profile pour Batman et sa petite bande.







Date de sortie 15 novembre 2017
Durée : 2h 00min
Réalisateur : Zack Snyder
Casting : Ben Affleck, Henry Cavill, Gal Gadot
Genres : Action, Science fiction
Nationalité : Américain

Synopsis :

Avec la disparition de Superman, c'est l'espoir qui meurt jour après jour tandis qu'une menace grandit dans l'ombre. Conscient qu'il ne pourra jamais faire face tout seul, Bruce Wayne décide de rassembler une armée de surhomme pour protéger la terre et ramener un peu de lumière dans le monde.

Critique :

Après un Batman vs Superman descendu par la critique et le publique et un suicide squad aux retours très mitigé, le nouveau film du deuxiéme géant du comics était attendu de pied ferme. D'autant que la production s'est avéré mouvementé (suite à de terribles problèmes personnels de Zack Snyder), que Joss Whedon (figure respecté des geeks et déjà réalisateur de Avenger pour Marvel) a du se joindre au projet et que le succès de Wonder Woman a laissé entrevoir un avenir radieux possible pour la firme.
Justice League, c'est donc le va tout du studio, le film clef qui permettra de savoir s'ils pourront nous inonder d'une vague de spin-off façon Marvel où s'ils devront remiser leurs projets dans leurs cartons pour les ressortir dans 10 ans.
Et autant le dire tout de suite, ce Justice league ne marquera pas les esprits.
Pour commencer, on pourrait parler du scénario. Il est ultra convenu avec la classique apparition d'une menace
toute puissante et le besoin de constituer une équipe pour la combattre. Vague présentation des personnages et de leurs raisons pour refuser avant que le méchant très méchant leur prouve qu'ils n'ont pas le choix et que l'équipe se rassemble pour l'affronter.
Un scénario tellement archétypique qu'il ne nous évite même pas la fameuse scène des super héros qui doivent s'affronter avant de travailler ensemble. Tout est cousu de fil blanc et ce n'est pas le méchant choisi pour ce film qui permettra de poser un enjeu propre à emporter le spectateur. A part quelque sombre geek hardcore, personne n'a jamais entendu parler de Steppenwolf, d'autant qu'a aucun moment il n'entonne "born to be wild" ce qui pourtant lui aurait donné un minimum de saveur. On se retrouve donc avec un méchant sans charisme, que personne ne connait et qu'on doit juste accepter comme très très méchant (le flash back épique aide un peu mais ne suffit pas tant le look power ranger de ce méchant tire le film vers le bas).
Sans aller jusqu’à dire qu'on s'ennuie ferme, il faut reconnaître que tout cela n'a rien de palpitant.
Pire, l'une de mes raisons de défendre Batman Vs Superman, pourtant durement frappé par la critique, était l'univers foisonnant que  Zack Snyder (Man of Steel, Watchmen, etc) avait laisser deviner. Et bien tout cela est oublié ici, et nous n'en entendront probablement jamais parler par la suite la franchise ne reposant visiblement que sur du vent au contraire de l'univers Marvel et de ces innombrables recoupement. Un film creux, sans enjeux ni originalité, ça c'était pour l'histoire.
Mais Justice League c'est avant tout un blockbuster, alors l'histoire on s'en fout, on veut des effets spéciaux, des explosions, des bastons épiques. Et là encore, le film fait preuve d'une indigence rare. Si certaines scènes sont effectivement fort belle, d'autres sont au contraire digne d'un épisode de Xéna la guerrière, le fond vert transpire de partout et il devient difficile parfois de se dire qu'on est devant un film et pas une cinématique de jeu. Certes, la 3D rend possible de mettre en image des scènes quasiment impossible à concevoir autrement mais il faut que ce soit un minimum crédible pour que ça ait un intérêt. Ici c'est parfois tellement mal fait que ça en devient ridicule comme cette scène où la reine amazone s'enfui avec la boite mère ou même le premier plan de Wonder woman (voir la jolie photo sur la statue) qui ne marche pas du tout. Et je en vous parle pas de cyborg qu'on aimerait voir gardé son hoody tout le long du film tant son design brûle la rétine. Une vraie armure aurait surement était plus réussi que ce truc informe. L'acteur a bien du mérite de rester crédible dans ses conditions. Et vous voulez qu'o parle combat épique ? Alors oui il y en a comme ce flashback de la précédente invasion de Steppenwolf, visuellement impressionnante la scène n'en a pas moins aucun impact émotionnel puisque c'est un flashback. On sourit donc en voyant le clin d’œil a green lantern mais au fond on s'ne fout un peu de ce qu'on voit à l'écran. Et lorsque ça aurait vraiment du compter, lors de l'affrontement final, on se retrouve avec un duel minimaliste dans un décors pauvre loin d'illustrer le côté mythique que devrait avoir ce film et cette bataille.
Bon, on pourra se consoler en se disant que le casting est joli mais là encore ça se discute. Si Ben Affleck (Argo, Gone baby gone, etc) m'avait agréablement surpris
dans Batman vs Superman, il prouve ici qu'il n'avait effectivement pas la carrure pour le rôle. Loin du guerrier badass et fatigué, il ressemble cette fois à un gros nounours tout mielleux. Gal Gadot (Wonder Woman, etc) est celle qui s'en sort le mieux, le film fait vraiment la part belle à son personnage et l'actrice lui apporte beaucoup de force. La bonne surprise c'est Ray Fisher dans le rôle de Cyborg, le scénario a su rendre le personnage utile, ce qui n'était pas gagné, et l'acteur se débrouille plutôt bien avec un personnage taciturne un peu stéréotypé. Joker comique du scénario Ezra Miller (les animaux fantastiques, etc) s'en sort plutôt bien et Jason Momoa fait du Jason Momoa.
Un petit mot sur la musique pour finir ? D'autant que la BO est supervisé par Danny Elfman (Big eyes, Batman le défi, etc), un compositeur que j'apprécie beaucoup. Et il faut admettre que pour cette fois il a vraiment fait... le minimum. En fait je ne me souvient pas du moindre air de ce film, je me demande même s'il y avait de la musique en dehors du générique et d'une chanson au début.
Bref, vous l'aurez compris, si je suis allé voir le film sans a priori, je suis particulièrement déçu du résultat. Alors soyons clair, ça n'est absolument pas pire que tout ce dont Marvel nous abreuve mais avec l'accumulation des films de super héros, ce genre de facilité devient de moins en moins supportable. Ce qui est regrettable aussi, c'est que ce Justice League se rapproche beaucoup de la façon de faire Marvel. Là où l'univers DC s'était jusqu'alors distingué par une vision plus dur et "réaliste" on retrouve ici les petites blagues et les facilités qui permettent à Marvel de faire des films pop-corn grand public à la chaîne. Si DC se met à singer son concurrent, il perdra tout intérêt dans l'affrontement et se noiera simplement dans la vague. Même la promesse finale du film, qui ne sera probablement jamais tenu vu les plannings créatifs, ne me motive pas à voir une suite. Et pourtant dieu sait que je suis fan de Batman mais ce nouvel opus n'est tout simplement pas à la hauteur des enjeux. Un divertissement correct mais seulement un de plus.


Conclusion:

Ni bon, ni mauvais, un énième film de super héros qui satisfera peut-être les amateurs de l'univers DC mais surement pas les cinéphiles.

lundi 20 novembre 2017

Happy Birthdead

Vous ne l'ignorez plus, je suis un grand fan de film d'horreur. Mais ce que vous ignorez peut-être, c'est ma passion pour "un jour sans fin" le film culte de Harold Ramis. Difficile donc de résister à la tentation d'aller voir un mélange des deux, même si la peur de devoir supporter un gros navet se fait sentir.




Date de sortie : 15 novembre 2017
Durée : 1h 37min
Réalisateur : Christopher Landon
Casting : Jessica Rothe, Israel Broussard, Ruby Modine
Genres : Epouvante-horreur, Thriller
Nationalité : Américain

Synopsis :


Etudiante imbue de sa personne, Tree se fait violemment assassiner le jour de son anniversaire. Le lendemain, elle se réveille le matin de son anniversaire. La jeune femme est désormais prisonnière d'une boucle temporelle qui lui permettra peut-être de sauver sa vie et d'y remettre bon ordre.

Critique :

Depuis un jour sans fin, le principe de la boucle temporelle a déjà été utilisé de nombreuses fois. Dans les réactualisations les plus brillantes on mentionnera par exemple Edge of Tommorow ou Source code. Le procédé a également été utilisé dans de nombreuses séries comme dans X-files avec "Lundi" (épisode 14 saison 6). Pour autant, à ma connaissance, cet artifice n'avait jamais été employé pour un film d'horreur et encore moins pour un slasher.
Bonne idée ou simple gadget ? Difficile à dire. Très clairement, le film a été bâti autour de cette astuce scénaristique et l'ensemble est logique avec un fin tout à fait satisfaisante. Mais le film est tellement convenu et linéaire qu'il est impossible de ne pas trouver le procédé artificiel. La structure du film suit quasiment celle d'un jour sans fin avec une intrigue policière en plus pour épicer. De plus, on retrouve ici la majorité des poncifs des films de ce genre, des clichés qui, s'ils sont confortable, n'aide pas à trouver de l’intérêt à l'histoire. Si l'intrigue est pertinente, elle nécessite tout de même de faire un énorme saut au dessus de la barrière d'incrédulité pour être accepté tant sa finalité est idiote. Alors certes, l'ensemble du film est traité sur un ton humoristique, c'est d'ailleurs ce qui rend le tout acceptable mais la légèreté du traitement en fait typiquement le genre de film qu'on peut regarder d'un œil distrait avec une bande de potes (et beaucoup d'alcool consommé avec modération). C'est aussi ce positionnement un peu trouble entre humour, horreur et thriller qui donne une oeuvre un peu bancale.
Rôle central du film et véritable épine dorsale de l'histoire Jessica Rothe ( lalaland, etc) tient ici un
très joli rôle, elle se révèle aussi agaçante au début du film qu'attachante à la fin, ce qui lui permet de faire montre de tout l'éventail de son talent. Le reste du casting est assez réussi, même s'il n'y a pas grand chose à en dire.
Vous l'aurez compris, Happy Birthdead n'est pas vraiment le film du siècle, même pas de la semaine. C'est un honnête film pop corn, un divertissement sympathique mais qui n'égalera jamais ses prédécesseurs et qui n'apporte finalement rien de neuf aux Slasher. Vous pouvez donc aller le voir pour découvrir l'actrice, (qu'on imaginerait sans mal jouer pour des pubs sur les marques repères de Leclerc ;D ) ou pour vous vider la tête mais dans tout autre cas je vous recommande plutôt d'essayer de voir les films qui ont rendu celui-ci possible. Allez donc revoir Un jour sans fin

Conclusion :

Un honnête slasher qui apporte une petite touche d'originalité et d'humour au genre, pour autant l'ensemble reste très convenu et finalement sans surprise.

vendredi 17 novembre 2017

A beautiful day

Après Mise à mort du cerf sacré, il fallait bien que je me fasse un avis sur l'autre gagnant du prix du meilleur scénario. Un film qui a également remporté la palme du meilleur acteur ce qui n'en est que plus tentant.




Date de sortie : 8 novembre 2017
Durée : 1h 30min
Réalisateur : Lynne Ramsay
Casting : Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola
Genres : Thriller, Drame
Nationalités : Britannique, Français, Américain

Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement

Synopsis :

Joe, un enquêteur privé brutal et torturé, se voit chargé de retrouver la fille d’un sénateur. Une affaire simple qui prendra une tournure désastreuse.

Critique :

Bon, sérieusement, c'est quoi le problème avec la palme d'or du meilleur scénario 2017 ?
Non parce que, je vous ai déjà parlé de Mise à mort du cerf sacré qui était complètement abusé mais là, ce n'est guère mieux. L'histoire est extrêmement basique, le comparatif avec Taxi Driver est d'ailleurs loin d'être exagéré tant on retrouve les grands lignes et l'ambiance du film culte à peine rehaussé d'une pointe de féminisme (on casse un peu le cliché de la princesse à sauver).
Je n'irais pas jusqu’à dire que l'histoire n'a aucun intérêt mais je ne suis pas loin de le penser. Si l'on exclut la prestation très physique deJoaquin Phoenix (Her, The Yards, etc), il ne reste pas grand chose de passionant dan le film. L'acteur est remarquable comme souvent, il incarne un héros mutique et mal dans sa peau très attachant, Difficile de ne pas songer aux héros de Taxi driver, Léon ou Drive des figures auquel Joe n'apportera pas grand chose de plus si ce n'est une certaine fragilité.
Niveau réalisation, c'est assez joli sans être extraordinaire, quelques scènes marqueront les esprits mais pas forcément autant que celles de tous ses prédécesseurs. On s'attachera à la relation entre le héros et sa mère, on s'amusera du décalage de certaines scènes (celle de la chanson surtout) mais on ne sera jamais vraiment emporté par l'action (bien moins présente qu'on pourrait le croire) ou par la relation entre Joe et la petite fille.
Dans l'ensemble, A beautiful day n'est pas un mauvais film mais il s'inscrit dans un genre tellement vu et revu qu'il n'arrive pas à y apporter grand chose de neuf. L’ensemble se regarde donc, essentiellement grace à Joaquin Phoenix, mais sans jamais impliquer pleinement le spectateur.
Une belle coquille un peu vide.






Conclusion :

Un beau film qui fait figure d'efficace réactualisation de Taxi Driver, Joaquin Phoenix est remarquable et méritait amplement sa palme. On regrettera juste la lenteur et le manque d'originalité du film.






lundi 13 novembre 2017

Mise à mort du cerf sacré

En 2015 je découvrais Yórgos Lánthimos avec The lobster un film totalement improbable et très poétique qui m'avait donné envie d'en découvrir plus sur le réalisateur. Il nous revient aujourd'hui avec un drame que le trailer annonçait particulièrement malsain doublé d'une palme d'or du meilleure scénario (ex-æquo avec Beautiful day) plutôt rassurante. Voyons cela en détail.





Date de sortie : 1 novembre 2017
Durée : 2h 01min
Réalisateur : Yórgos Lánthimos
Casting : Colin Farrell, Nicole Kidman, Barry Keoghan
Genres : Drame, Fantastique
Nationalité : Britannique


Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement


Synopsis :

Chirurgien respecté à qui tout réussi, Steven a pris sous son aile le jeune Martin, un adolescent mal dans sa peau qui a perdu son père. Alors qu'il se décide enfin à présenter le garçon à sa famille, Steven réalise que son protégé pourrait avoir un but caché et vouloir le pousser à l'irréparable.

Critique:

Ok, soyons franc, je n'ai rien pigé à ce film.
Si la trame de fond est simple, efficace et vraiment prenante (un garçon se venge du médecin qu'il tient responsable de la mort de son père) la narration est complètement abusée. A priori, le film est fantastique mais le fantastique permet juste de justifier les trous du scénario (soi la pire utilisation possible du genre).
Pourquoi essayer de perfectionner son histoire quand on peut tout justifier par la magie ?
Alors, je n'exclu pas la possibilité d'être passé à côté de quelque chose, le réalisateur semble avoir réfléchi son projet, il y a de vrais parti-pris artistiques notamment l'utilisation presque systématique des traveling avant ou arrière (même si là encore je ne comprend pas l'idée). La caméra est souvent très aérienne et donne une dimension perturbante à des scènes pourtant ordinaire. L'impression omniprésente qu'une force supérieure plane sur les personnages renforce le malaise de l'histoire. En terme d'ambiance, le réalisateur a réussi son coup, il n'y a rien à redire là-dessus. Les relations entre les personnages sont vraiment perturbantes et le réalisateur accumule les situations simples et pourtant malaisantes. (la discussion sur les poils des gamins par exemple)
Pour cela, il a su s'entourer d'un beau casting,  Nicole Kidman (Les proies, Stoker, Eyes wide shut, etc) est vénéneuse comme rarement dans ce rôle de femme très ambiguë. A ses côtés Colin Farrell (The Lobster, Total Recall, etc) est plutôt efficace même si son rôle lui offre assez peu de nuance de jeu, le personnage étant totalement dans le contrôle. A noter que les deux acteurs s'étaient déjà croisé cette année sur les proies, il semble que leur présence respective dans un film ne soit pas vraiment gage de qualité. Enfin, impossible de ne pas citer les enfants. Leur rôle est vraiment compliqué et pourtant ils s'en sortent remarquablement. Mention spéciale à Raffey Cassidy (Blanche Neige, Dark Shadow, etc) dans un rôle complexe qui lui offre plusieurs belles scènes et surtout à Barry Keoghan (Dunkerque, etc) qui porte le film de son air paumé inquiétant.
Niveau musique enfin, le film est très lyrique avec beaucoup de musique classique, ce qui renforce l'effet décalé et le malaise.
Globalement, il y a plein de bonnes choses dans ce film et j'aurais aimé l'apprécier, il aurait juste fallut que l'histoire ait un sens réel plutôt que de fonctionner sur un mode que j'imagine métaphorique (voir de ne pas fonctionner du tout). Je serais curieux de voir la délibération qui a mené à offrir une palme à ce scénario, ça semble tellement ubuesque que ça en devient presque parodique comme l'illustration de l'éternel conflit entre les critiques et le publique.


Conclusion :

Avec un pitch très séduisant, une palme du meilleur scénario, un beau casting et une superbe réalisation, ce film avait tout pour me plaire. Mais je dois admettre n'avoir rien compris (s'il y a vraiment quelque chose à comprendre) et m'être un peu ennuyé devant cette inepte histoire de vengeance.

lundi 6 novembre 2017

Au revoir là-haut

4 ans, il aura fallut attendre 4 ans avant de retrouver l'excellent Dupontel derrière la camèra. Mais pour l'occasion, il fait les choses en grand, après le remarquable 9 mois ferme il nous revient avec un film très ambitieux, trop peut-être, c'est ce que nous allons voir.






Date de sortie 25 octobre 2017
Durée : 1h 57min
Réalisateur : Albert Dupontel
Casting : Nahuel Perez Biscayart, Albert Dupontel, Laurent Lafitte
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Français

Synopsis :

Edouard et Albert ont survécu à la première guerre mondiale, mais à quel prix ?
Désormais inadaptés à la vie civile, ils décident de monter une arnaque aux monuments aux morts pour se venger de cette société qui les rejette.

Critique :

Depuis le fabuleux Bernie, j'ai toujours porté beaucoup d'attention au cinéma d'Albert Dupontel ( Enfermés dehorsLe vilain, etc). L'ancien comique a vite fait montre d'un style très personnel, ce n'est d'ailleurs pas sans raison que Terry Gilliam a déjà accepté de faire des apparitions dans les films du réalisateur français à plusieurs reprises. Dupontel est un cinéaste rare, un artiste à la fois modeste dans ses objectifs et très ambitieux dans leur réalisation.
Avec Au revoir la-haut, le réalisateur passe un cap dans sa carrière en s'attaquant à un film très complexe et un budget conséquent.
La bande annonce frappait très fort et annonçait un univers aussi fou qu'habituellement mais cette fois complètement démesurée (costume, foule, bataille, etc), une oeuvre à la hauteur d'un Caro et Jeunet (La cité des enfants perdus, un long dimanche de Fiançailles, etc). Mais on commence à connaitre le problème des bandes annonce, il s'agit souvent de publicités mensongères peu révélatrice du contenu réel d'un film.
Et c'est malheureusement un peu le cas ici.
Si on retrouve bien les moments de folie très réjouissants de la bande annonce, ils ne sont que d'infimes parenthèses dans l'ensemble d'un film qui se veut beaucoup plus conventionnel.
Alors, entendons nous bien, ça reste très impressionnant. Cela fait un moment que Dupontel a pris le goût des mouvements de caméra, il nous avait d'ailleurs gratifié d'un plan séquence très impressionnant dans 9 mois ferme et cette fois encore le réalisateur se fait plaisir mais dans des scènes bien plus spectaculaires. Pour un premier film à gros budget, le réalisateur ne s'est pas laissé déborder et il a réussi a proposer un univers cohérent et très visuel original. Le tout soutenu par un casting particulièrement bon avec Laurent Lafite ( Elle, etc) décidément parfait dans le rôle du séduisant manipulateur sans remord, mais aussi Niels Arestrup (Un prophète, etc) toujours impeccable dans le rôle de l'homme puissant et bien sûr, la découverte Nahuel Perez Biscayart dans le rôle de la gueule cassée, de l'artiste brisé. Un rôle d'autant plus compliqué que l'acteur doit s'exprimer plus par le corps et les yeux que par le visage et la parole. Un véritable challenge qu'il remporte haut la main (avec l'aide toutefois des masques tous plus beaux les uns que les autres). Le casting féminin est également de haut vol avec
Emilie Dequenne (Les hommes du feu, Mobius, etc), Mélanie Thierry (Zero Théorem, La princesse de Montpensier, etc) et la jeune Héloïse Balster, même si on pourra une fois de plus reprocher qu'il ne s'agisse que de rôles de second plan sans réels enjeux pour l'histoire (mais c'est probablement inhérent au livre dont le film est adapté). Le vrai regret pour moi réside dans le rôle de Dupontel qui malheureusement joue Dupontel. Il incarne un rôle dans lequel on l'a déjà vu mille fois sans y apporter grand chose de plus et ça se révèle très frustrant pour un habitué comme moi. Il ne joue pas mal pour autant c'est juste que ça manque d'originalité et ça ne fait que renforcer un autre problème : le classicisme.
Si la trame de l'histoire est extrêmement forte avec des moments de poésie rares comme on peut le voir dans la bande annonce, la narration est d'un classicisme éculé si bien qu'on suit l'histoire sans jamais se laisser prendre au jeu ni même être vraiment ému. Il n'y a pas de réels enjeux et là où le film aurait pu être palpitant ou mystérieux sous un autre angle narratif, il s'avère juste convenu.
Je ne condamne pas le film pour autant, il lui reste suffisamment de qualité pour en faire un bon film, c'est juste que si Dupontel s'était laissé aller autant dans ce film que dans les précédents nous aurions clairement eu affaire à un chef d'oeuvre, une charge émotionnelle rare au lieu d'un sous un long dimanche de fiançaille.
Pour autant, je recommande chaudement ce film. D'une part parce que du "mauvais" Dupontel ça restera toujours meilleur que la majorité de ce qui se produit au cinéma et d'autre part parce qu'avec ce nouveau film le réalisateur prouve qu'il est tout à fait capable de se frotter à une grosse production et son prochain film, s'il est plus personnel, pourrait bien s’avérer époustouflant.

Note : Je rêve d'une exposition des masques, Cécile Kretschmar a fait un travail remarquable.


Conclusion :

Un très beau film dans lequel Dupontel confirme qu'il est un des plus grands réalisateurs Français contemporain. On regrettera tout de même qu'en se frottant à une histoire aussi ambitieuse le réalisateur ait perdu un peu de sa folie et livré un film trop conventionnel.

vendredi 3 novembre 2017

Zombillénium

Cela fait un moment que je surveille du coin de l’œil le projet Zombillénium. Je n'avais jusqu'ici jamais vraiment eu le temps de m'y plonger totalement mais la sortie du film me semblait le moment idéal pour ça. Je ne jugerai donc pas de la qualité de l'adaptation ici mais juste de la qualité du film.






Date de sortie : 18 octobre 2017
Durée : 1h 18min
Réalisateur : Arthur de Pins, Alexis Ducord
Casting : Emmanuel Curtil, Kelly Marot, Alexis Tomassian
Genres : Animation, Comédie, Aventure
Nationalité : Français


Synopsis :

Hector est père célibataire et inspecteur des normes de sécurité. La colère le pousse à s'attaquer à l'attraction locale : le parc Zombillenium. Une décision qui fera de lui le nouveau monstre de foire du parc, condamné à tout faire pour sauver l'établissement de la faillite sous peine de finir aux enfers avec tous ses nouveaux camarades.



Critique :

Zombillenium est une BD d'Arthur de Pins sortie en 2010 après une pré-publication dans le magazine Spirou. Le film est, de ce que j'ai compris, une adaptation assez libre de la bd puisque les personnages principaux ne sont pas les même bien que les péripéties de leurs deux histoires soient proches. L'histoire du film décevra donc peut-être les fans du média d'origine qui pourront se sentir trahi par ces modifications mais le spectateur moyen ne remarquera rien et pourra pleinement profiter de cette nouvelle histoire.
D'autant qu'elle est vraiment réussie, l'auteur mélange beaucoup d'influences pour livrer une histoire sociale, très ancrée dans notre culture, où d'anciens mineurs se voient forcé d'animer un parc de monstres pour éviter qu'une délocalisation ne les envoie en enfer. Un fond très lourd donc pour une forme beaucoup plus légère et fun.
A cela s'ajoute des personnages bien caractérisés. Que ce soit Gretchen la sorcière rebelle, Sirius le squelette délégué du personnel ou même Hector le nouveau venu, tout ce petit monde se révèle cool, drôle et attachant. Si le personnage principal est très clairement Hector, Gretchen tire vraiment son épingle du jeu et c'est un personnage super cool, ne serait-ce que parce qu'elle skate sur son balais.
Graphiquement, les réalisateurs ont réussi à trouver leur propre style et a se distinguer des production 3D souvent trop semblable. Le début est un peu difficile, notamment à cause du mélange 3D/images réelles pour les décors qui donne un rendu assez particulier. Pourtant on s'habitue vite et on y prend même goût. Les designs sont également inventifs et parfois très drôle comme celui du cerbère. J'apprécie également que l'action se déroule dans le Nord de la France de façon vraiment évidente, on retrouve toutes les particularité de la région (maison de briques rouges, champ à pertes de vues, etc) et cela confère au film une esthétique vraiment rare.
Musicalement, là encore il y a du beau travail avec notamment un morceau écrit et interprété par Mat Bastard, le chanteur de Skip the Use, ainsi qu'une cover totalement improbable d'une chanson française très connue et qui confère une saveur délicieusement décalé à une scéne dramatique
Pour conclure, je dirais que ce film d'animation est une excellente surprise. C'est drôle, frais et ça exploite tout un aspect culturel souvent sous-estimé de notre culture (la région nord), si le film se destine à un public jeune, il ne les prend pour autant pas pour des idiots et leur fait découvrir un contexte inhabituel pour une fiction jeunesse (le monde de l'entreprise) bref le meilleur choix du moment si vous devez aller au cinéma avec des enfants.



Conclusion :

Très belle surprise que ce Zombillenium. Si le début peut déstabiliser un peu et faire craindre le pire, on se laisse vite emporter par cette histoire à l'univers riche et aux personnages haut en couleur. Un excellent film familial.

Pour mémoire, le clip très cool qui servait de prologue au film et a permis d'estimer la viabilité du projet.