Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
(retrouvez la sélection télé chaque midi sur la page facebook)

lundi 6 juin 2016

Elle

Après toutes ces joyeusetés, il était temps de se replonger dans des films plus cérébraux, des palmedecannisable comme on-dit (ou pas, dommage c'est tellement beau) et quoi de mieux que le nouveau Verhoeven sur le viol. Surement un film "fun" et "décomplexé"...





Date de sortie : 25 mai 2016
Durée : 2h 10min
Réalisateur: Paul Verhoeven
Casting : Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Anne Consigny
Genre : Thriller
Nationalités : Français, Allemand

Interdit aux moins de 12 ans

Synopsis:
Brillante femme d'affaire, Michéle a pris l'habitude de tout contrôler d'une main de fer dans sa vie.
Lorsqu'elle se fait violer chez elle, elle compte bien ne rien perdre de ce contrôle et s'instaure alors une étrange relation entre elle et son agresseur.


Critique:
Ce qui étonne le plus lorsqu'on regarde "elle", c'est que le film ne ressemble pas du tout à du Verhoeven. En fait on se croirait dans un Michael Haneke. Déjà, rien ne laisse à penser que le réalisateur est étranger: décors, acteur, façon de filmer, on jurerait être dans un film Français. Ce n'est pas une insulte, juste un constat qui pourra bloquer les accrocs des grosses machineries hollywoodienne. Ce qui interpelle ensuite, en tout cas moi, c'est le jeu. Si dans l'ensemble, les acteurs sont plutôt bons avec de grosses mentions spéciales pour Isabelle Huppert et Laurent "j'assume pas mes blagues" Lafitte, j'ai tout de même tiqué sur certaines réactions ou émotions un brin théâtrale.
L'autre petit soucis du film à mes yeux: sa construction. Le film est clairement construit en deux parties distincte. D'abord l'enquête qui permet à la victime de retrouver son bourreau puis la relation entre la victime et son bourreau. C'est cette seconde partie qui me semble la plus intéressante car dramatiquement plus forte. La partie enquête clairement plus faible me semble plus prétexte, ce qui la rend d'autant moins crédible que clairement elle n'est pas d'actualité (je spoile mollement mais en 2016 quelqu'un qui est pété de tunnes et qui sait qu'on peut pénétrer sa maison ne va-t-il pas installer un système de sécurité et/ou des caméras ? Certes, ce n'est pas le propos du film mais cette absence fais perdre en réalisme).
Concernant le propos, je ne peux pas ignorer la polémique et je me situe au milieu.
Très clairement, je chie sur tous ces critiques qui trouvent le film "jouissif" ou "jubilatoires" ou s’excitent sur les seins d'Isabelle Huppert mais  je m’inquiète aussi de voir certaines féministes monter au créneau en considérant ce film comme une honte et un appel au viol.
Les deux se trompent et ne regarde le film que par le petit bout de la lorgnette. "Elle" est le constat d'une société malade et schizophrène ou les victimes sont traité comme des bourreaux, ou l'on est jugé pour ce qu'on a l'air d'être plus que pour ce que l'on est (ça n'a rien à voir mais j'ai beaucoup pensé à "l'étranger" de Camus). Je pense qu'il y a beaucoup plus de substance dans ce film que juste "ah, elle aime ça la cochonne".  Notamment, elle raconte l'histoire d'une victime qui essaye de reprendre le contrôle de sa vie.
Pour autant, ce fond ne suffit pas à faire de ce film une oeuvre aussi spectaculaire que les précédentes du réalisateur. Je la trouve moins ambitieuse dans sa forme et plus brouillonne. "Elle" n'en reste pas moins un film intriguant, qui donne a réfléchir sur notre société, un film dérangeant qui sort des platitudes habituelles. Je recommande à ceux qui aiment le cinéma qui bouscule mais déconseille à ceux qui cherche à se vider la tête.



Conclusion :
Un film intriguant aux personnages complexes et qui donne à réfléchir. Toutefois, on notera quelques inégalités de jeu, de réalisation, de rythme et de choix scénaristiques qui rendent l'ensemble moins convaincant que cela aurai pu vu l'ambition du traitement.

mercredi 1 juin 2016

The nice guys

Après cette purge de X-men, j'avais besoin de me détendre un peu. Mon dévolu c'est donc jeté sur The nice guys, un film que je convoitais depuis un moment Shane Black étant quelqu'un que j'affectionne beaucoup. Est-ce que cela aura suffit à faire passer le mauvais gout de Brian Singer que j'avais encore dans la bouche ? Voyons cela ensemble.






Date de sortie: 15 mai 2016
Durée: 1h 56min
Réalisation: Shane Black
Casting: Ryan Gosling, Russell Crowe, Margaret Qualley
Genres: Comédie, Policier
Nationalité: Américain

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis:
1970, dans le climat de plus en plus étouffant de Los Angeles, Jackson Healy se fait payer pour intimider deux harceleurs. Le premier, Holland March, se révèle être un détective suivant la cliente de Healy pour des raisons troubles qui entraineront les deux hommes dans une enquête qui les dépasse de beaucoup.

Critique:
Si vous ne connaissez pas Shane Black, c'est le scénariste culte de "L'arme fatale" et de "Last action hero", un homme qui a su donner ses lettres de noblesses au buddy moovie. En 2005, il s'était lancé dans la réalisation avec le déjà très réussi: "Kiss Kiss Bang bang" (attention, deux films portent ce nom). Il fallut attendre 2013 pour qu'il se relance dans la réal avec Iron Man 3. Un choix vraiment discutable car le réalisateur/scénariste s'était contenté d’appliquer ses recettes à un personnage pas du tout adapté. Cette fois il revient aux sources de son talent, une enquête, un buddy moovie et de l'humour à ne plus savoir qu'en faire.
Passons vite fait sur le principal défaut du film: la simplicité formelle de son histoire. Shane Black se repose sur des poncifs et utilise la technique du milking comme un goret. Pour ceux qui l'ignore, le milking c'est le fait de poser un élément innocent à un moment du film car il sera très important par la suite. Exemple très basique, au début de Shinning on voit qu'il y a un labyrinthe à côté de l’hôtel, à la fin du film c'est dans ce même labyrinthe que se joueront les dernières actions. L'une des idées du milking est d’apporter progressivement des informations aux spectateur pour que lorsqu'une nouvelle informations arrivent elle ne nécessite pas d'explications, l'info est logique, le spectateur pouvait la deviner grâce à ce qu'il avait déjà vu. ça dynamise l'histoire et ça valorise le spectateur qui se sent plus intelligent d'avoir deviné les choses.).
En plus de ça, Shane Black se repose beaucoup sur une structure de film noire classique qui,
combiné à la technique précédente, donne un film totalement prévisible.
Pour autant, ça n'en fait pas un mauvais film car la force de the nice guys réside dans son duo d'acteur (trio serais-je tenté de dire car la jeune Angourie Rice est très drôle dans ses interactions avec Ryan Gosling) et les situations toutes plus délirantes les unes que les autres. The nice guys est la suite parfaite de Kiss Kiss Bang bang, on y retrouve le même amour des personnages décalés, des situations absurdes, de l'hommage au polar hollywoodien des années 20 et au cinéma de manière générale.
Si Russel Crowe est très bien dans son rôle de gros dur au cœur tendre, c'est surtout la prestation de Ryan Gosling en looser magnifique qui prouve qu'il n'est pas qu'un poseur et sait avoir du recul sur lui même. Comment oublier cette scène de toilette délicieusement décalée.
Bref, malgré un scénario simpliste car visant trop à l'ultra efficacité, Shane Black nous livre une comédie délirante qui se paye le luxe d'avoir un fond sociétal. Un excellent divertissement donc toujours plaisant en ces temps de morosité ambiante.



Conclusion:
Après un Iron Man discutable, Shane Black nous reviens avec un buddy moovie hilarant, qui se permet même une critique sociétale au passage. Un film à ne pas rater pour avoir la patate.